Carnet de route

Sur les parois d'Ailefroide - Camp d'été 2016

Sortie :  Rassemblement montagne été 2016 du 09/07/2016

Le 09/07/2016 par Alice Wlodarska

CAMPING « En face de chez Cambon... »

L'immensité du camping d'Ailefroide nous a permis de faire une installation bien confortable : un tarp pour rester à l'ombre / au sec pour manger ou bouquiner, et le coin feu pour faire griller les saucisses les jours de repos ( après l'effort, le réconfort!) Pendant la première semaine, JD et moi nous avions nourri un fantasme réservé aux grimpeurs : nous avions planté nos tentes en face de chez Cambon ! Le topo précisait en effet que l'excellent équipeur avait sa place réservée à vie au camping, sous un grand mélèze... Même si presque tout le monde avait son mélèze, celui d'en face avait l'air plus imposant, tout comme l'installation qu'il protégeait : une immense tente-maison avec une sorte de véranda, un tarp gigantesque (sous lequel on avait l'audace d'aller faire la sieste) – l'ensemble était plus grand qu'un studio parisien ! L'individu qui hantait cette installation démesurée avait l'air d'un ancien soixante-huitard encore bien affûté, avec une belle moustache, une tignasse blanche et un air plutôt sympathique. On a comparé sa physionomie avec les photos du topo, ça paraissait coller... « Allez, si on fait l'Ailefroide Orientale, je vais lui demander », je me voyais déjà avec un autographe du maître sur mes topos ! L'arrivée de Marc a mis fin à nos élucubrations : « c'est pas Cambon, Cambon, je le connais, il est très gentil mais il ne ressemble pas à ça, il ressemble à rien,  il est tout tordu» !

TERRAIN D'AVENTURE « Sortir avant l'orage ...» (JD)

C'est une histoire de revanche personnelle... Il y a cinq ans, j'avais fait une virée à Ailefroide avec des copains de 2APN grimpe ; à l'époque, je rêvais de grimper sur coinceurs, j'avais fait un stage de 3 jours avec la FFME et je me sentais à peu près opérationnelle pour me lancer dans l'aventure, à condition d'être bien accompagnée. J'avais supplié Joël de m'emmener faire « La voie éteinte » à Ailefroide, en me laissant les longueurs les plus faciles. Nous étions donc partis vers l'éperon éponyme et nous nous étions laissés leurrer par le miroitement d'une plaquette au soleil, visible de loin... Nous nous étions engagés dans la voie d'à côté, qui s'était révélée entièrement spitée et de plus inachevée : un but difficile à digérer. Cette fois-ci, j'étais prête, mon numéro 3 flambant neuf au baudrier, je ne me suis pas laissé tromper par le même miroitement de la même plaquette et nous avons bien identifié le départ de « La voie éteinte » à gauche, (plaquette et cordelette). La suite fut un régal, malgré les craintes de JD qui voyait l'orage partout ; rocher magnifique, cheminements variés : dièdres, dalles, fissure sur 15 mètres en L4, arête aérienne. Arrivés au plateau sommital, nous avons finalement essuyé quelques gouttes : timing parfait ! Merci à mes seconds Mathieu et JD, d'avoir géré le début des rappels, il faut dire que les 12 longueurs m'ont un peu épuisée, heureusement que JD était plus lucide et a pu trouver l'arbre à la chaîne ! L'avant dernier rappel a permis de faire une piqûre de rappel d'adrénaline : 45 mètres en fil d'araignée !

http://www.camptocamp.org/outings/781061/fr/vallee-d-ailefroide-eperon-de-la-voie-eteinte-la-voie-eteinte

ALPINISME « La neige c'est mieux l'hiver... » (moi)

Le sentier pour monter au refuge du Sélé part du camping. Ce sera donc notre premier objectif en haute montagne. Le but est de passer 3 jours en altitude pour faire deux courses de neige etgrimper « Super Pilou » sur l'aiguille de Sialouze. Malheureusement, le soir où nous sommes montés au refuge, l'isotherme est tombé à 2500 mètres... Impossible dans ces conditions de grimper une voie qui sort à plus de 3500 mètres, brr ! C'était bien la peine de trimballer la quincaillerie ! Pour la première course, nous avons choisi la Pointe des Boeufs Rouges, 3515 mètres. Réveil à 3 h 30 (aïe ! ça fait mal!) et c'est parti à la frontale pour une interminable moraine entrecoupée de ruisseaux qui ont permis de tester l'étanchéité de mes nouvelles grosses... Nous sommes seuls dans le vent glacial jusqu'au col du Sélé où nous tombons sur des cordées débouchant du refuge de la Pilatte. Au vu de l'arête plâtrée par la neige, l'équipe est divisée... et le « non » finit par l'emporter. Nous nous contenterons de la vue splendide sur les Bans, et c'est une sage décision car de retour au refuge Mathieu a mal à la hanche et doit déclarer forfait pour le lendemain. C'est donc à deux que nous tentons avec Jean-Didier l'aventure de l'Ailefroide Orientale. Cette-fois-ci le réveil à 3 h 30 passe mieux, nous voilà gonflés à bloc, dans l'avant dernier wagon du petit train qui monte dans la nuit : contrairement à la veille, il y a une petite troupe, 6 ou 7 cordées - l'Ailefroide c'est LA course à faire. Et on comprend pourquoi ! C'est une course très variée et agréable : montée très raide à la frontale qui permet d'être au pied du couloir de neige au lever de soleil : 50 mètres de couloir / goulotte à 40- 45 °, puis grimpe facile par un système de vires mais avec quelques pas très exposés, ensuite des névés entrecoupés par un peu de mixte, la fameuse pente à 35°, appelée la « banane », et encore une grande pente de neige jusqu'au sommet. Partis avant-derniers, nous y sommes deuxièmes et fiers de l'être ! De retour au refuge vars 12 h 30, nous avons un peu lézardé au soleil avant l'interminable descente jusqu'au camping. Et mes genoux m'ont violemment reproché de ne pas avoir pris mes skis !

http://www.camptocamp.org/outings/781057/fr/pointe-des-boeufs-rouges-arete-n http://www.camptocamp.org/outings/781059/fr/ailefroide-orientale-arete-s-voie-normale

ESCALADE : grandes voies à Ailefroide « J'aime bien ce topo... » (Marc B.)

Considérée comme activité de récupération, l'escalade autour du camping s'est alignée sur les objectifs modestes du topo « Escalade plaisir » des guides Olizane Sport, c'est à dire 6a+ max. Nous en avons parcouru deux : 1. « Cascade Blues » avec JD, beau rocher essentiellement en dalle avec un passage de la cascade riche en émotions ! 2. « A-tire- d'aile froide » avec JD et Marc, plus variée, avec dièdres, une jolie traversée et une fissure.

http://www.camptocamp.org/outings/781037/fr/vallee-d-ailefroide-la-draye-cascade-blues

http://www.camptocamp.org/outings/782604/fr/vallee-d-ailefroide-paroi-de-la-fissure-a-tire-d-ailes

ROCHER HAUTE MONTAGNE

« Cambon c'est pas Piola ...» (Marc B.) Après avoir admiré les Bans du loin au col du Sélé, nous avons eu envie de les voir de plus près : direction le refuge éponyme pour deux jours de grimpe en haute montagne. Le refuge est comme on les aime : petit, chaleureux, avec un gardien disponible et plein d'idées pour améliorer le quotidien – four solaire, poulailler et même un élevage de truites ! La nourriture semble excellente, j'ai regretté d'être en hors sac … Réveil à 4 heures pour « Isabelle aux Bans », puis une montée interminable sur un névé très raide : 3 h 30 de marche d'approche, stipule le topo. C'est l'horaire pour ceux qui ont trouvé le bon chemin, parce que nous, il nous faudra plus de 4 heures... Nous sommes remontés trop haut, apparemment nous avons tous mal interprété les explications du gardien de la veille... Nous nous sommes retrouvés à grimper en grosses une vingtaines de mètres de rocher impossible à protéger, avant de comprendre qu'il était impossible que Cambon nous envoie ainsi au casse-pipe, et rebrousser chemin tant qu'on pouvait encore redescendre. Finalement le passage vers les Contreforts de Bans se trouvait une centaine de mètres plus bas, juste après la cascade, où une rampe permet d'accéder au névé supérieur sans risquer sa vie... L'ambiance dans la voie est grandiose, mais le rocher n'inspire pas confiance : beaucoup de supposées prises se révèlent plutôt de type projectiles ... Avec un clou tous les 7 mètres, heureusement que c'est facile ! Suite au démarrage tardif, Luc et moi nous ne ferons pas les deux dernières longueurs (j'ai voulu prendre de la marge par rapport aux rappels et ne pas sous-estimer la descente pour mon genou droit), ce qui nous a permis de faire les rappels en décalé par rapport à l'autre cordée et d'éviter ainsi de nous faire caillasser. Après une descente à n'en plus finir la veille, je me réjouis de la perspective d'une marche d'approche minimaliste de 30 minutes pour « Le diable par la queue » sur les Dents de Coste Counier. Cette économie d'énergie sera vite utilisée dans les 4 premières longueurs de la voie qui nous réveillent direct. C'est raide mais heureusement bien protégé, ce qui ne sera pas le cas des autres longueurs, encore un clou tous les 7 mètres. Le caillou est très beau : du gneiss très compact au début (d'où la difficulté des préhensions, toujours un peu fuyantes), puis un granite digne de Cham. Nous nous arrêterons au bout de 12 longueurs, les 4 restantes ont moins d'intérêt et il se fait tard : or, il reste encore 2 heures de descente à pied jusqu'au refuge, et encore une heure jusqu'à la voiture.

http://www.camptocamp.org/outings/782605/fr/contreforts-des-bans-isabelle-aux-bans

http://www.camptocamp.org/outings/782618/fr/dents-de-coste-counier-le-diable-par-la-queue

CONCLUSION

Merci à l'excellent JM Cambon, sans qui ces aventures n'auraient pas pu avoir lieu, au Sherpa pour ses saucisses, et au convivial camping d'Ailefroide qui permet de les griller juste devant sa tente.

On reviendra !







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